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LA BELLE DEMOISELLE


IX


Vers le soir, il parvint au rivage de la mer. Là, au bord des flots, s’élevait un riche pavillon, de forme ronde comme est le monde, d’où sortit, sitôt qu’il en fut proche, une des plus belles demoiselles qui se soient jamais vues en septentrion car sachez que ses cheveux semblaient d’or fin plutôt que de poil tant ils étaient luisants et bien colorés ; son front était haut, plein, lisse comme s’il eût été fait d’ivoire ou de cristal ; ses sourcils brunets et menus ; ses yeux verts, riants, non point trop ouverts ni trop peu ; son nez droit, ses joues blanches et rouges aux endroits qu’il faut ; enfin, que vous dirais-je de plus ? elle était si belle qu’il n’y eut jamais sa pareille, rapporte le conte.

Ainsi faite, elle appela Perceval à grande joie, et, après l’avoir désarmé, elle lui passa au col un riche manteau d’écarlate, tout fourré de martres zibelines ; et lui qui s’était fort lassé à cheminer tout le jour, avisant un lit, il s’y étendit et se prit à dormir.

À son réveil, il eut grand’faim et demanda à manger. Sur-le-champ la pucelle le conduisit à une table couverte de mets et de vins si délec-