Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
LE SAINT GRAAL

— Perceval, Perceval, lui dit-elle, je sais bien qui vous êtes ! Ne me reconnaissez-vous pas ?

— Non, dame, par ma foi !

— Sachez que je suis votre tante. Jadis j’étais une des riches dames de ce monde, et pourtant cette richesse ne me plaisait point autant que la pauvreté où vous me voyez à cette heure.

Perceval alors lui demanda des nouvelles de sa mère dont il ignorait si elle était morte ou vive, car il ne l’avait pas vue depuis très longtemps.

— Beau neveu, dit la recluse, jamais plus vous ne la rencontrerez, si ce n’est en songe, car elle mourut de chagrin après votre départ pour la cour du roi Artus.

— Notre Sire ait pitié de son âme ! répondit Perceval. Certes la perte que j’en ai faite me chagrine cruellement. Mais, puisque Dieu l’a voulu, il me la faut souffrir ; ma mère est à présent où il nous faudra tous venir.

Ce disant, des larmes lui tombaient des yeux, très grosses. Au bout d’un moment il ajouta :

— Dame, je suis en quête du Saint Graal, qui est chose si célestielle que je voudrais bien le conseil de Dieu : ne m’en pourriez-vous dire quelque chose ?

— Beau neveu, c’est la plus haute quête qui ait jamais été entreprise, et il y aura tant d’hon-