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ÉCLAIRCISSEMENT

placés dans la bouche du prophète et enchanteur Merlin. De même, j’ai repris la tradition ancienne de Wace et fait fonder la Table ronde par le roi Artus. Et comment rendre possible que ce même Perceval, dont Chrétien nous conte les rustiques enfances, soit aussi le pur innocent à l’âme transparente que le mystique cistercien donne pour compagnon à Galaad dans la quête du Graal ? On jugera si j’y suis parvenu ; mais, quant à Bohor, j’ai dû le faire mourir à Sarras : la psychologie qu’il fallait qu’il eût dans la Mort d’Artus s’accorde trop mal avec celle qu’il a nécessairement dans le Saint Graal. D’ailleurs il serait fastidieux de relever tous les changements que j’ai cru devoir apporter au canevas du Lancelot. Je tiens seulement à avertir que la division en huit parties, que j’ai introduite, n’existe nulle part dans les manuscrits ni dans les éditions[1]. Et je prie aussi qu’on ne me reproche pas de nommer Artus le roi que tous les philologues appellent aujourd’hui Arthur, ni Viviane la Dame du Lac, conformément à quelque faute de lecture (mais consacrée), ni Morgane celle que les textes authentiques désignent par Morgue et Morgain : j’ai préféré la tradition poétique et légendaire à la philologie.

  1. L’édition de 1488, la mieux composée, résume en quelques pages le Merlin et sa deuxième partie commence à la Charrette ; la troisième à la première visite de Lancelot au château aventureux de « Corbenic » ; la quatrième correspond à notre Saint Graal ; la cinquième à la Mort d’Artus.