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ÉCLAIRCISSEMENT

« dessous » ? On devinera bien que la femme qui tente Perceval est le diable. Mais comment faire comprendre que si elle loge dans une tente ronde, c’est que le démon habite le monde, qui est rond ; que si elle invite Perceval à s’y abriter du soleil, c’est que le soleil signifie Dieu ; que le sommeil, le désir de repos auquel il succombe, le lit où il s’étend symbolisent la négligence de l’âme : torpor negligentiæ, dit Raban Maur ; que le péché de luxure, ici comme partout, représente tous les autres péchés, « le mal aux formes innombrables » ; que, si l’on accorde à Perceval l’excuse d’avoir été surpris par l’ivresse, c’est pour faire sentir que sa faute est seulement d’imprudence. La vue de la croix sur le pommeau de son épée lui donne l’idée de se signer : il exorcise ainsi le démon. Il se punit, se repent de tout son cœur, et une nef arrive, sur laquelle il s’embarque : l’Église. Les voiles en sont blanches, signe de la divinité. Un homme en habit de prêtre l’habite : c’est Dieu…

Je ne me suis proposé en écrivant cet ouvrage nul dessein scientifique (est-il utile de le dire ?). J’ai seulement tenté de composer un récit qui s’inspirât de l’esprit de nos vieux auteurs et où l’on retrouvât peut-être un peu de la fraîcheur et de la naïveté qu’ont parfois nos anciens contes « bretons ». Il ne pouvait donc être question ici de