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ÉCLAIRCISSEMENT

ce qui est de Dieu, et le noir ou la nuit ce qui est du diable, le péché, le mal : ainsi le veut la tradition symbolique. Le tournoi des chevaliers blancs et noirs auquel Lancelot prend part, c’est le combat des vertus et des vices ; partout les envoyés de Dieu sont des chevaliers aux armes blanches ; le destrier noir qu’enfourche Perceval durant la nuit est le démon lui-même. Pourtant Galaad, arrivant à la cour d’Artus, porte des vêtements rouges fourrés d’hermine ; Bohor après sa confession revêt pour communier une cotte de bure blanche et un manteau vermeil ; Lancelot purifié deux robes, l’une blanche, l’autre rouge : c’est que ce sont là les propres couleurs du Christ dont le blanc représente la sainteté, le rouge le sacrifice (Cantique des cantiques, Grégoire le Grand, Adam Scot, etc.). Et si Lancelot sent si rudement sa disgrâce lorsqu’après son aventure de la chapelle il entend les oiselets gazouiller, c’est que les oiseaux sont les symboles du Christ et marquent par leur chant la présence de Dieu dans le monde…

M. Albert Pauphilet nous explique toute cette symbolique du Saint Graal qu’il ne saurait être question d’exposer ainsi. Autant que possible nous avons suggéré dans le récit même le sens secret de chaque trait. On comprendra certainement que les nefs, et singulièrement la nef de Salomon dont il est souvent question, représentent l’Église : Ecclesia navis est. Mais comment rendre clairs tous ces