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ÉCLAIRCISSEMENT

honneur, comme à la dérobée, et il ne peut dépasser le seuil du sanctuaire. De là il a l’insigne bonheur d’entrevoir un miracle, mais il ne le comprend pas. »

Au-dessous encore, les réprouvés, les pécheurs endurcis, à qui il n’arrive à leur grand étonnement aucune aventure, parce qu’ils sont indignes des aventures « célestielles » de cette quête de Dieu : Lionel, le fou de colère, Hector, l’orgueilleux, surtout Gauvain. Il est l’homme le plus auréolé de gloire terrestre après Lancelot, le modèle des chevaliers, preux, loyal, généreux. « Mais à cette existence brillante, Dieu n’a point de part. » Les avertissements ne peuvent l’amener à se repentir. La main du justicier Galaad le frappe. Il est damné.

Voilà les acteurs du drame mystique, et comme eux-mêmes les moindres traits de l’action sont symboliques. Si un candélabre brille sur la table du Graal, dans la chapelle au pied de laquelle gît Lancelot endormi, ce candélabre signifie Dieu ; Raban Maur, l’abbé Rupert, l’abbé Guerric ont dit, en effet : « Candelabrum vocatur Christus. » Si la table elle-même est d’argent, si l’arche que fera construire Galaad à Sarras est d’or, c’est que l’or représente « la clarté de la divinité » selon Garnier de Saint-Victor, « la puissance royale du Christ » selon Raban Maur, et l’argent « la sagesse de Dieu incarné » selon Alcuin, « l’humanité du Christ » selon Rupert. Partout, le blanc, la clarté signifient