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ÉCLAIRCISSEMENT

songeait même pas à poser la mystérieuse question. Le moine cistercien, qui a négligé cette interrogation dont il ignorait la raison et qui devait par conséquent lui paraître absurde, a pourtant conservé cette naïveté traditionnelle du personnage et il en a admirablement tiré parti : chez lui Perceval représente l’âme toute faite d’innocence et de candeur, pure comme celle d’un enfant. Le héros se laisse prendre bonnement à chaque ruse du démon ; mais « sa foi est parfaite et son dévouement à Dieu absolu. Comme ses erreurs sont sans malice, ses repentirs sont sans arrière-pensée. Peut-il n’être pas pardonné ? » L’auteur en a fait « le type de ceux qui se justifient par la foi, comme Bohor l’est de ceux qui se justifient par les œuvres ».

Celui-ci au contraire est l’âme studieuse, vertueuse, ascétique. Il « a commis jadis un grand péché » avec la fille du roi Brangore dont il a un fils : « il le rachète par une vie exemplaire… Il sait que le rôle de l’Église est de diriger les hommes et spontanément il se confie aux prêtres… Il discerne clairement la partie de Dieu au milieu des visions ambiguës et des fantasmagories trompeuses. Les doutes proposés à son esprit, les tentations offertes à sa chair, il les repousse également… Enfin il donne dans l’épreuve la mesure de son parfait détachement des choses terrestres ; il sacrifie à Dieu et à son salut, outre les plaisirs, l’amour fraternel, la pitié, le respect de la vie et jusqu’au culte des