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ÉCLAIRCISSEMENT

Quête du Saint Graal dans le Lancelot, les apparences, les couleurs sont peu intéressantes : il conte et décrit en lieux communs parce que le sens mystique seul lui paraît digne d’attention et que le concret ne l’intéresse pas, et c’est là un fâcheux état d’esprit pour un romancier. En revanche, quelle belle signification il a donnée à toutes choses !… Sans nous arrêter à examiner même la confession de Lancelot, parfait modèle, voyons seulement, d’après M. Pauphilet, ce qu’il a fait des héros de chair du roman.

Galaad d’abord. Le fils de Lancelot, dans son livre, est devenu presque un ange. C’est le chevalier céleste, descendu sur terre pour réparer toute injure, remettre tout dans l’ordre divin. Il est libéré de toute attache terrestre : il ignore la tentation. « Sire, soyez le bienvenu, car nous vous avons longtemps attendu ! » chacun l’accueille par ces mots. Bref, c’est le messie, le promis, le désiré, dont la venue a été annoncée par les prophètes. S’il surgit au milieu de la cour d’Artus quand toutes les portes en sont fermées, comme l’auteur a soin de nous l’apprendre, c’est que Jésus-Christ surgit ainsi parmi les apôtres, dans l’Évangile de saint Jean. L’auteur a voulu son héros si conforme au Christ qu’on pourrait presque dire que le Saint Graal est un Évangile apocryphe, l’Évangile de Galaad.

Dans Chrétien et ses continuateurs, Perceval était un peu simple d’esprit : c’est pourquoi il ne