trouve incorporée. M. Pauphilet a prouvé sans conteste possible, dans son remarquable ouvrage, que cette partie du Lancelot est l’œuvre d’un moine de Cîteaux. C’est un « miroir » de la vie chrétienne : toutes les discussions dogmatiques, morales, politiques qui partageaient l’Église s’y reflètent, et tout y est résolu dans le sens le plus purement cistercien. Faut-il donc admettre que le Saint Graal a été composé à part ? Dans quelles conditions ? Je n’en sais rien.
Robert de Boron avait fait de la légende du Graal, dont, comme ses prédécesseurs, il ignorait le sens secret, une légende chrétienne. L’auteur cistercien — il aurait reculé d’horreur, s’il avait pu soupçonner la véritable signification, toute païenne, du mythe — a merveilleusement renchéri sur Robert de Boron et, de la quête du Saint Graal, il a fait un grand symbole mystique : celui de la recherche de Dieu par les âmes. Tel est le sens général de son ouvrage ; mais il n’en est pas un épisode, pas un trait qui ne soit également symbolique, qui n’ait une signification cachée, et chaque héros de la cour d’Artus y devient une allégorie. Malheureusement, si la conception de l’œuvre et le sentiment dont elle est animée sont admirables, l’exécution artistique en est médiocre : c’est que, pour le mystique auteur de la