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ÉCLAIRCISSEMENT

ensuite mis en prose ; il y contait que le Graal était l’écuelle même où Jésus avait fait la Cène, où ensuite Pilate s’était lavé les mains, où enfin Joseph d’Arimathie avait recueilli le sang du Sauveur, puis comment le précieux vase était venu en Bretagne et quelles merveilles il y avait faites. Ensuite, reprenant la légende de l’enchanteur et prophète Merlin et de la jeunesse d’Artus, Robert en fit un second ouvrage dont nous possédons deux rédactions (de l’une nous n’avons que les 504 premiers vers, soit que l’auteur n’ait pas poussé plus loin, ou que la suite ait été égarée, l’autre est en prose), et qui reçut trois longues fins différentes (en prose également). Enfin, nous possédons un Perceval (en prose encore), qu’il y a des raisons de lui attribuer, où il suit à peu près Chrétien de Troyes et Wauchier de Denain, mais où, après avoir montré le Graal conquis par Perceval et enlevé au ciel, il raconte d’après Gaufrey de Monmouth et Wace, dans une sorte d’épilogue, la mort d’Artus et des compagnons de la Table ronde et la destruction du monde chevaleresque.

Robert de Boron n’a d’autre qualité que sa naïveté (à vrai dire assez touchante) : il est gauche et plat à merveille. Et son principal mérite est d’avoir inspiré à d’autres esprits mieux doués l’idée d’un magnifique sujet. C’est, en effet, de son histoire du Graal, de Merlin, du roi Artus qu’est né, je pense, et vers 1225 probablement, le grand roman en prose de Lancelot.