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ÉCLAIRCISSEMENT

corps) et il garde le Graal, qui est le vase de la vie. Le château du Graal, dont nous parlent nos conteurs, c’est le symbole du temple où le néophyte reçoit l’initiation qu’à son tour symbolise la question qu’il doit poser. La lance, et le Graal dans lequel la lance est placée, auraient eu à l’origine une signification phallique, qui peu à peu aurait changé, ou, pour mieux dire, se serait compliquée en raison d’un symbolisme mystique pour lequel toute action a trois aspects selon celui des trois mondes d’où on la considère : le monde matériel, celui de l’homme, celui de Dieu. Galaad n’apparaît que dans les textes les plus récents ; dans nos plus anciens récits le héros unique de la conquête du Graal, c’est Perceval, et il y est donné comme orphelin de son père et souvent appelé « le fils de la veuve dame » : c’est de la sorte que, dans beaucoup de sectes et de sociétés secrètes, de nos jours encore, on nomme l’initié le « fils de la veuve ». Si nos poèmes du moyen âge font porter par des « demoiselles » le corps du roi mort, c’est que, dans le culte d’Adonis, la mort du dieu de la vie était pleurée par des femmes, qui dans tous ces rites jouaient le principal rôle. Enfin, si, après que la question a été posée, après la « conquête » du Graal, on nous apprend que les « temps aventureux » sont révolus, les enchantements terminés, et levée la malédiction qui pesait sur la Bretagne et la rendait « gâtée », stérile, c’est que la résurrection