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ÉCLAIRCISSEMENT

la fable de Proserpine ou celle d’Orphée et Eurydice : l’enlèvement d’une femme par le seigneur des morts et sa « quête » par un héros. Mais, surtout, c’est lui qui semble y avoir mêlé le premier la légende du Graal.

Le véritable sens de ce mythe, il l’ignorait certainement, et ses successeurs l’ignorèrent comme lui. Chacun des auteurs français rapporte la légende du Graal sous une forme différente ; toutefois on retrouve généralement dans leurs récits les éléments suivants : un corps mort, entouré de pleureuses ; une épée brisée ; un château qui est celui du « roi Pêcheur », où l’on conserve une lance saignante et un mystérieux vase : le Graal ; le héros doit poser une question, demander ce que signifie tout cela qu’il vient de voir[1] ; mais il ne le fait pas, on ne sait trop pourquoi, et tout disparaît le lendemain : ce n’est qu’après de longues années que le chevalier trouve à nouveau le château du Graal, et qu’il dissipe enfin les enchantements de la Bretagne.

Or, miss J.-L. Weston[2] a découvert qu’une

  1. Dans le Lancelot en prose, qui nous offre la plus récente forme de la légende, ce trait a disparu. Nous l’avons également écarté, en dépit de son importance pour ainsi dire historique, parce qu’il ne pouvait s’accorder avec le beau symbole dont nous parlerons tout à l’heure.
  2. The Grail and the rites of Adonis, dans Folk-Lore, 1907,