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LE SAINT GRAAL

rendre hommage à la fille du duc Linor et jurer sur les reliques qu’ils renonceraient à la mauvaise coutume établie par les sept frères. Après quoi les pucelles prisonnières partirent, chacune pour son pays.

Le lendemain, quand il eut entendu la messe, Galaad s’éloigna à son tour. Et bientôt, dans la forêt, il remarqua un chêne, le plus haut, le plus ancien, le plus feuillu qu’il eût jamais vu : à sa cime l’arbre portait une croix, et sous ses feuilles des oiseaux chantaient si mélodieusement que c’était merveille, tandis que deux petits enfants tout nus, on ne peut plus beaux, âgés de sept ans ou environ, jouaient et couraient de branche en branche. Galaad les conjura au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, de lui dire s’ils étaient de Dieu.

— Doux ami, répondirent-ils, nous sommes de par Dieu ; nous venons de ce Paradis terrestre d’où Adam fut chassé, afin de t’enseigner la signifiance de ce qui t’est advenu. Sache que par le château des Pucelles tu dois entendre l’enfer. Ces pucelles, ce sont les bonnes âmes qui y étaient enfermées à tort avant la venue du Sauveur, et les sept chevaliers sont les sept péchés capitaux qui, alors, régnaient sans droit sur le monde. Tout de même que le Père des cieux envoya son Fils sur terre pour délivrer les bonnes âmes, ainsi il te manda comme son chevalier et sergent pour mettre en liberté ces