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ÉCLAIRCISSEMENT

tagne ». Il prétendait avoir sous les yeux un livre très ancien que lui avait communiqué son ami Gautier, archidiacre d’Oxford ; on pense aujourd’hui qu’il s’est contenté de rassembler et coordonner certaines légendes celtiques, non sans y ajouter de son cru. Quoi qu’il en soit, l’Historia regum Britanniæ, à laquelle Gaufrey joignit une Vita Merlini, eut un tel succès que la seule Bibliothèque du British Museum en possède trente-quatre manuscrits, et qu’il en fut fait au moins quatre traductions en vers français, — adaptations, plutôt — dont une seule nous est parvenue complète : celle de Wace, écrite en 1135.

C’est dans Gaufrey et dans Wace que nous trouvons la première histoire suivie du roi Artus. Il semble qu’ils aient beaucoup brodé sur les traditions qu’ils avaient recueillies. Par exemple, les Gallois avaient un prophète et enchanteur nommé Myrddhin ; d’autre part, la chronique dite de Nennius parle d’un enfant né sans père, appelé Ambroise, par lequel elle fait prédire au roi Vortigern les futures invasions des Saxons : dans Gaufrey, ces deux personnages sont confondus et l’on voit Ambroise Merlin prophétiser tout l’avenir de la Bretagne jusqu’en 1135 environ. Ensuite, on nous dit comment Artus naît d’Uter Pendragon et d’Ygerne ; puis comment il délivre l’Angleterre des Saxons, conquiert l’Irlande, l’Écosse, la Gaule, etc., défait les Romains et se trouve au point de s’emparer de Rome, lorsqu’il apprend que Mordret,