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ARTUS À L’ILE D’AVALON

pleine de dames avenantes, qui aborda non loin du lieu où il avait laissé le roi, son seigneur ; l’une d’elles, qui était Morgane la fée, appela et le roi se leva, puis, tout armé, suivi de son cheval, il monta dans la nef qui tendit ses voiles au vent et s’enfuit comme un oiseau. Le conte dit qu’elle s’en fut droit à l’île d’Avalon où le roi Artus vit encore, couché sur un lit d’or : les Bretons attendent son retour. Et ainsi s’accomplit la parole du prophète Merlin, qui avait prédit que sa fin serait douteuse.

Durant deux jours et deux nuits, Giflet pleura sans boire ni manger. Puis, le troisième jour, au matin, sitôt que les oiseaux chantèrent, il brida son destrier et s’en retourna à la chapelle de Verre. Et, d’abord qu’il y entra, il aperçut une riche tombe devant l’autel, sur laquelle étaient des lettres qui disaient :


Ci-gît Keu le sénéchal, que le roi Artus étreignit à mort contre sa poitrine.


D’abord qu’il lut cela, le fils de Do tomba pâmé ; puis il alla trouver les moines qui desservaient la chapelle, disant qu’il ne voulait plus demeurer dans le siècle puisque le roi ni aucun de ses compagnons n’y était plus, et les requit de le vêtir des draps de religion. Mais il ne les garda guère, car il ne vécut plus, ensuite, que dix-sept jours. Et le conte, à présent, laisse