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LA MORT D’ARTUS

de Salisbury, ils y trouvèrent leurs ennemis qui les attendaient rangés en dix échelles dont les pennons flottaient au vent. Alors vous eussiez vu toutes les lances s’abaisser ensemble, et les deux avant-gardes s’élancer l’une contre l’autre, et maints prud’hommes mourir, qui ne l’avaient pas mérité, car en peu d’instants la terre fut couverte de chevaliers tués, blessés ou abattus, et beaucoup de bons chevaux galopèrent en liberté. Ah ! la dure rencontre ! Et quand les lances furent rompues, les épées resplendirent, lumières de la guerre, et les chevaliers commencèrent de se couper épaules, jambes et bras, et de baigner leurs lames dans les cervelles, à travers les heaumes. Et ce fut le début de la grande bataille où le royaume de Logres fut détruit, car il n’y restait plus autant de prud’hommes qu’il s’y en était trouvé jadis, et presque tous ceux qui demeuraient périrent ce jour-là.

En tête des Saines galopait Arcaut, leur roi, qui voulait avoir la première joute. Sagremor le desréé vola contre lui de toute la vitesse qu’il put tirer de son destrier, et le heurta si rudement qu’il lui troua l’écu et le haubert, et lui mit son fer aigu dans la poitrine, et le renversa mort. Ce que voyant, ceux de la première échelle se jetèrent sur les Saines d’un tel cœur qu’ils les déconfirent en peu de temps.

Mais ceux d’Irlande ne purent souffrir de