Page:Boulenger - Romans de la table ronde IV, 1923.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
ENSEVELISSEMENT DE GAUVAIN

qu’elle lui donnerait les draps de religion si le roi était tué par Mordret. Mais le conte laisse ce propos maintenant, voulant deviser du roi Artus qui vogue sur la mer avec son armée.


XXXV


Ils eurent si bon vent, qu’ils parvinrent en peu de temps devant le château de Douvres, où le roi manda à ceux de la ville de lui ouvrir la porte. Ils répondirent d’abord qu’ils le croyaient mort, mais, quand ils le virent, ils le reconnurent très bien et l’accueillirent comme leur seigneur lige.

Alors le roi fit ensevelir monseigneur Gauvain dans des draps de soie tout ouvrés d’or et de pierreries, puis mettre dans un cercueil très riche ; après quoi il commanda à dix de ses chevaliers de mener le corps à Saint-Étienne de Camaaloth et de le placer dans la tombe de Gaheriet. Et ainsi s’en fut le bon chevalier, convoyé par le roi et une multitude de seigneurs, de bourgeois et de menu peuple, qui tous pleuraient et criaient :

— Prud’homme, chevalier sûr, courtois, débonnaire, maudite soit la mort qui nous prive de vous ! Que ferons-nous maintenant que nous avons perdu celui qui était notre écu ?