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COMBAT DE LANCELOT ET GAUVAIN

jusqu’aux sabots. Tous les autres se mirent à cheval pour l’accompagner au pré, sous les murs, où devait avoir lieu la bataille ; après quoi ils se retirèrent dans les barbacanes de la cité : car il avait été convenu entre le roi Artus et le roi Lionel que nul n’approcherait, quoi qu’il advînt.

À son tour, messire Gauvain arriva, convoyé par une foule de comtes et de barons ; mais autant la compagnie de Lancelot semblait joyeuse, autant la sienne paraissait morne. Le roi Artus, tout dolent, le prit par la main et le mena dans le champ ; le roi Lionel, de même, conduisit Lancelot. Puis les deux rois s’en furent et, après s’être signés, les champions brochèrent des éperons et s’élancèrent de toute la vitesse de leurs destriers.

Le jour était beau et clair, et le soleil luisait sur leurs armes ; mais, quand ils se rencontrèrent, on crut ouïr le tonnerre : leurs lances éclatèrent au ras des poings, sautèrent en morceaux jusques au ciel, et ils se heurtèrent si rudement de leurs corps qu’ils manquèrent de se crever : vous les eussiez vus voler en l’air ! Alors les chevaux, déchargés de leurs seigneurs, s’enfuirent chacun de son côté, sans que personne songeât seulement à les arrêter.

Le premier relevé fut Lancelot ; mais il était encore étourdi de sa chute et il ne savait où il était. Et messire Gauvain, après avoir ramassé