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LA MORT D’ARTUS

un messager en Gaule pour savoir si le roi est mort, car le cœur me dit qu’il ne l’est pas. Et si messire est trépassé, vous manderez à Lancelot qu’il vous vienne secourir : jamais Mordret n’osera l’attendre en bataille rangée.

Ainsi fut fait : la tour très bien garnie de vivres et d’hommes, tous preux et dévoués, la reine s’y retira ; et quand Mordret vint avec les barons, au jour dit, chercher sa réponse, elle fit lever le pont et lui cria par un créneau :

— Mordret, Mordret, c’est pour votre malheur que vous avez voulu m’avoir pour femme de bon gré ou non. Cette déloyauté vous mènera à la mort !

Aussitôt Mordret courroucé fit assaillir la tour de toutes parts par échelles et engins ; mais ceux du dedans se défendirent si roidement qu’il y eut bientôt plus de vingt morts dans les fossés, de façon que l’assaut cessa. Et ainsi en fut-il souvent durant deux mois. Mais le conte laisse maintenant ce propos pour dire ce qui advint du combat de Lancelot du Lac et de monseigneur Gauvain.


XXXI


Au matin, Lancelot ne manqua pas de hauts hommes pour l’armer, et, quand il fut prêt, il monta sur un destrier fort et vif, couvert de fer