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LA REINE DANS LA TOUR


XXX


Là, elle commença par pleurer, s’égratigner le visage, se tordre les mains et gémir de tout son cœur. Puis elle réfléchit et envoya une de ses pucelles chercher Tarquin : c’était un valet que jadis le roi Claudas avait chargé de l’épier, comme le conte l’a rapporté en temps et lieu ; mais il était devenu son écuyer, puis le roi l’avait armé chevalier, et c’était maintenant l’un des hommes à qui elle se fiait le plus, avec raison. Lorsqu’il fut entré, elle fit sortir la pucelle et ferma la porte ; puis elle dit :

— Beau doux ami, les barons de ce royaume veulent me marier à Mordret, qui est, je vous le dis en vérité, le fils du roi Artus, mon seigneur, et de la femme du roi Lot ; et, ne le fût-il pas, j’aimerais mieux d’être brûlée que d’épouser ce traître déloyal ! Aussi veux-je faire garnir la tour de Logres de chevaliers, de sergents, d’arbalétriers et de toutes sortes de vivres et d’armes ; et, si l’on me demande pourquoi, je dirai que c’est pour la fête prochaine. Puis je m’y enfermerai. Que pensez-vous de cela ?

— Dame, je vous trouverai la garnison. Toutefois, si vous m’en croyez, vous enverrez