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LA MORT D’ARTUS

trouvèrent que le mieux était de faire Mordret roi et de lui donner la reine Guenièvre pour femme. Aussi les envoyèrent-ils quérir tous deux ; et sachez que, quand elle entra dans la salle, ils se levèrent devant elle et la reçurent à grand amour ; puis celui qui était le mieux emparlé lui dit :

— Dame, notre sire le roi, qui était si prud’homme, est mort et trépassé du siècle et, comme ce royaume ne peut demeurer sans gouverneur, il nous faut élire un bon chevalier qui soit digne de le tenir et qui vous ait pour femme. Mais nous voulons savoir ce que vous pensez de cela.

La reine protesta qu’elle ne se souciait pas de prendre un baron et qu’elle quitterait plutôt le pays. À quoi ils répondirent que le royaume ne pouvait demeurer sans un seigneur qui fût capable de le défendre et qu’elle devait à toute force faire leur volonté et épouser Mordret qu’ils avaient choisi. Ah ! quand elle entendit ce nom, elle crut que son cœur allait la quitter ! Mais elle n’osa en faire semblant.

— Beaux seigneurs, dit-elle, accordez-moi quelque répit : dans huit jours, je vous donnerai ma réponse.

Et elle se retira dans ses chambres.