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LA MORT D’ARTUS

— Gauvain, dit le roi, beau neveu, faites ce dont Lancelot vous prie, car jamais un prud’homme n’en offrit autant à un autre pour se racheter !

— Les prières n’ont ici que faire, répondit messire Gauvain : j’aimerais mieux d’avoir le cœur arraché de la poitrine que de renoncer à ma bataille. Soit ma mort, soit ma vie ! J’ai si grande douleur du trépas de Gaheriet, qu’il m’est plus doux de mourir que de vivre sans l’avoir vengé.

Et il tendit son gage. Mais le conte laisse maintenant ce propos pour deviser de Mordret.


XXIX


Aussitôt que le roi Artus fut parti et qu’il se vit sire de la terre de Logres, il commença de tenir de grandes cours et de faire de riches dons, si bien qu’il conquit en peu de temps les cœurs des plus hauts hommes. Alors il fit écrire de fausses lettres, scellées d’un sceau semblable à celui du roi Artus, qui furent portées par son ordre à la reine ; et celle-ci les bailla à un évêque d’Écosse qui était assis auprès d’elle, pour qu’il en donnât lecture devant toute la cour. Or, les lettres contenaient ce qui suit :