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LA MORT D’ARTUS

l’un de ses écuyers et le chargeait du message pour Lancelot.

— Sire, dit le valet en pleurant, je ne ferai point ce message, s’il plaît à Dieu ! Désirez-vous si fort d’aller à la mort ? Ayez pitié de vous-même : vous n’êtes pas jeune et vous avez fait assez d’armes durant votre vie !

Mais messire Gauvain lui répondit que de telles paroles ne servaient de rien et le valet dut obéir à son seigneur. Au matin, il se présenta donc devant la ville et il fut conduit à Lancelot qui, l’ayant écouté, commença de mener grand deuil à son tour.

— Ha, bel ami, dit-il au valet, je n’aurais pas voulu combattre monseigneur Gauvain que je tiens pour très prud’homme et qui m’a toujours fait si bonne compagnie depuis que je suis chevalier ! Mais comment ne pas répondre, quand il m’appelle de trahison qui est la plus vile chose du monde ? Plutôt que lui, je choisirais de rencontrer les deux plus preux compagnons de la Table ronde !… Allez, et dites à monseigneur le roi que je voudrais lui parler.

Le valet fît diligence, et, dès que le roi connut la réponse de Lancelot, il manda monseigneur Gauvain, le roi Carados et le roi Yon ; tous quatre s’avancèrent désarmés vers la porte de la cité. Lancelot s’empressa de sortir à leur rencontre avec les deux cousins rois, et il mit pied à terre le premier et salua le roi Artus ; mais