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LA MORT D’ARTUS

se fût retranché. Et le lendemain, à l’heure de prime, les chevaliers s’assemblèrent devant le palais, dans la rue, où Lionel et Hector, les deux rois cousins, ordonnèrent les batailles. Cela fait, ceux de la ville sortirent, et l’armée du roi Artus fondit sur eux : et ainsi la mêlée commença, dure et plénière.

D’abord qu’il aperçut Lancelot, messire Gauvain s’assura en selle, et sachez qu’il appuyait de telle sorte sur ses étriers qu’il en pensa rompre les étrivières. Tous deux se heurtèrent avec le fracas du tonnerre de Dieu et ils se portèrent l’un l’autre à terre ; mais messire Gauvain tomba si lourdement qu’il pensa se briser le bras. Quant à Lancelot, remonté sur son destrier, il plongea dans la mêlée, où il se mit à frapper à grands coups, si vivement, que son épée battait comme une aile d’oiseau, et il occit d’abord Hélian d’Irlande qui avait pris sa place à la Table ronde. Lionel, Hector et lui semblaient être partout, leurs épées brillaient comme le flambeau du ciel et à les voir leurs gens se trouvaient aussi réconfortés que leurs ennemis confondus ; bref, ceux du dehors eussent beaucoup perdu ce jour-là, n’eût été le roi Artus qui faisait merveille à défendre sa gent et pourfendait ceux qui voulaient l’arrêter comme s’ils n’eussent eu d’autre armure que leur faible peau. Et, la nuit venue, les chevaliers de Gannes, qui étaient moins nombreux, rom-