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LA MORT D’ARTUS

de vivres. Mais le conte maintenant retourne au roi Artus.


XXVII


Chaque jour, messire Gauvain l’excitait contre Lancelot, si bien qu’il jura de détruire les forteresses de Benoïc et de Gannes, de manière qu’il n’en restât pierre sur pierre. Après Pâques, lorsque la froidure fut passée, il remit à Mordret le royaume de Logres en baillie : ah ! quelle folie il fit là ! Sachez qu’il fit jurer à tous ses hommes d’obéir à Mordret comme à lui-même et de faire ce qu’il leur commanderait ; puis il chargea son neveu de lui envoyer l’or et l’argent dont il aurait besoin quand il serait en Gaule, et il lui remit les clés de son trésor, à ce déloyal ! Enfin il lui confia sa femme épousée en lui recommandant de la garder comme son propre corps. Et certes la reine Guenièvre fut bien dolente de cela.

— Sire, dit-elle à son seigneur quand elle le vit au point de monter dans sa nef, Dieu vous conduise et vous ramène ! Mais mon cœur me dit que nous ne nous reverrons plus.

— Dame, répliqua le roi, il en sera ce qu’il plaira à Notre Seigneur. À vous chagriner, vous ne pourriez rien gagner.