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LA MORT D’ARTUS

ont été occis déloyalement ? Je suis prêt à prouver que ce n’est pas la vérité : qu’on nous mette en champ clos corps à corps ! Ainsi la guerre sera évitée et beaucoup de chevaliers garderont la vie, qui l’auraient perdue.

Messire Gauvain tendit son gage aussitôt, et Hector d’offrir le sien ; mais le roi ne voulut point les recevoir, disant qu’on aurait bientôt l’occasion de voir quel était le plus preux, lorsqu’il ferait la guerre à Lancelot. Ce qu’entendant, celui-ci s’écria :

— Certes, vous ne seriez pas en état de me la faire, cette guerre, si je vous avais nui autant que je vous ai aidé le jour que Galehaut, sire des Iles lointaines, devint votre homme lige ! Et sachez que je ne dis pas cela par crainte que j’aie de vous, car, lorsque nous aurons mandé nos hommes et nos amis et garni nos forts châteaux, vous ne gagnerez contre nous ni peu ni prou. Quant à vous, messire Gauvain, vous devriez vous souvenir du jour où je vous délivrai de la Tour Douloureuse : vous y étiez en grand péril de mort, prisonnier de Karadoc le grand !

— Lancelot, repartit messire Gauvain, ce que vous fîtes jadis pour le roi et pour moi, vous nous l’avez vendu trop cher quand vous nous avez privés de ceux que nous aimions le plus. Et sachez qu’à cause de cela il n’y aura pas de paix entre vous et moi, tant que je vivrai.