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LE SAINT GRAAL


V


Galaad chevaucha quatre jours sans rien voir qui mérite d’être narré dans un conte. Le cinquième, à vêpres, il parvint à une blanche abbaye où les moines lui firent bel accueil quand ils surent qu’il était chevalier errant, et, après l’avoir désarmé, ils le conduisirent dans une chambre où deux prud’hommes se trouvaient déjà, dont l’un était blessé et couché dans un lit : c’étaient le roi Ydier et messire Yvain. Il courut à eux les bras tendus et s’informa de ce qui était arrivé au roi Ydier.

— Sire, répondit le blessé, il y a dans cette abbaye un écu dont les moines disent que seul pourra le porter sans être tué, ou navré, ou vaincu, le meilleur chevalier du monde. Quand il sut cela, messire Yvain déclara qu’il ne le rendrait jamais ; mais moi, ce matin, je l’ai pendu à mon cou et je suis sorti avec un écuyer que les rendus m’avaient donné. Je n’avais pas fait deux lieues que je vis un chevalier aux armes couleur de neige qui me courait sus aussi vite que son cheval pouvait aller. Je m’élançai à mon tour, mais ma lance se brisa sur son écu, tandis qu’il m’enfonçait la sienne dans l’épaule