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LA MORT D’ARTUS

— Par Dieu, songeait-il, si Lancelot aimait la reine de fol amour comme on a voulu me le faire accroire, il ne la laisserait point partir de la sorte, car je vois bien qu’il pourrait continuer la guerre pendant des mois encore et que son château ne craint guère l’assaut !

Cette nuit-là, à la Joyeuse Garde, il n’y eut cœur si dur qui ne se fût ému à voir le merveilleux deuil que menèrent Lancelot du Lac et sa parenté. Et quand l’aube parut par la volonté de Dieu, Lancelot rendit à la reine qu’il ne devait plus voir, comme ce conte le dira, l’anneau qu’elle lui avait donné lorsqu’il s’était pour la première fois accordé avec elle, et il la pria de le porter pour l’amour de lui. Après quoi, suivi des siens, tous aussi richement vêtus qu’ils avaient pu et montés sur des chevaux couverts de soie, il reconduisit sa dame au roi.


XXVI


Or, dit le conte, le roi Artus attendait hors de sa tente. En voyant son seigneur, Lancelot mit pied à terre, prit le palefroi de sa dame par le frein et dit :

— Sire, voici madame la reine. Ne l’eussé-je pas secourue, elle serait morte, à cette heure.