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PAIX DU ROI ET DE LA REINE

devant tous ses barons qu’il ferait très volontiers sa paix avec elle pour obéir au pape. Et sur-le-champ l’évèque de Rochester monta sur son palefroi et s’en fut parlementer.

— Dame, dame, dit-il à la reine Guenièvre lorsqu’on l’eut conduit devant elle, il faut que vous retourniez à votre seigneur : notre père le pape le commande. Le roi jurera devant sa cour de vous traiter comme sa prudefemme.

Mais la reine lui demanda un délai pour répondre ; et, ayant appelé Lancelot, Hector et Lionel, elle leur répéta ce que l’évêque avait dit. C’est alors que vous auriez pu voir Lancelot du Lac baisser la tête !

— Dame, dit-il enfin, si je faisais ce que mon cœur désire, je vous supplierais de rester céans. Mais, pour ce que je préfère votre honneur à mon amour, je vous conseille de mander au roi que vous retournerez auprès de lui demain. Hélas ! si vous n’acceptiez l’offre qu’il vous a faite, tout le monde parlerait de votre honte et de ma déloyauté !

Là-dessus, il se mit à pleurer, et sa dame de même, et aussi Hector et Lionel. Enfin la reine s’essuya les yeux et vint dire à l’évêque qu’elle consentirait à retourner auprès du roi son seigneur, pourvu qu’il promît de laisser Lancelot gagner la Gaule sans lui faire tort d’un denier. Ce que le roi octroya de bonne grâce, dès que l’évêque le lui eut demandé.