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LE DÉPART

pleurant si fort, que le plus dur cœur eût eu pitié d’elle. Lancelot vint la voir, mais quand elle l’aperçut tout armé comme il était et prêt à partir, les larmes coulèrent sur son clair visage.

— Ha, dame, dit-il, donnez-moi votre congé !

— Non, vous ne partirez pas avec mon congé ! Mais, puisqu’il le faut, allez en la garde de Celui qui se laissa mettre en croix pour nous ! Qu’Il vous conduise où vous irez !

— Dame, Dieu le veuille en Sa sainte miséricorde !

Là-dessus Lancelot quitta la reine et s’en vint dans la cour, où il trouva ses compagnons dont beaucoup étaient déjà à cheval. Le roi, qui arrivait, s’étonna de voir que Galaad ne portait point d’écu.

— Sire, je ferais mal si j’en prenais un ici.

— Que Dieu vous conseille donc ! dit le roi.

Et il monta lui-même sur un palefroi pour faire compagnie aux chevaliers, qu’il escorta, menant grand deuil, jusqu’au château Vagan. Mais là Galaad, messire Gauvain, Lancelot, tous les compagnons ôtèrent leurs heaumes et ils vinrent, l’un après l’autre, lui donner le baiser d’adieu ; après quoi chacun d’eux partit à son aventure, tandis que le roi, plus dolent qu’on ne saurait dire, regagnait Camaaloth.