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LA MORT D’ARTUS

— Sire, lui dit Mordret, jamais nous n’entendîmes un prud’homme donner un aussi mauvais conseil que le vôtre. Si le roi m’en croit, il vous emmènera guerroyer contre Lancelot avec lui, que vous le veuilliez ou non.

— Mordret, Mordret, répondit le roi Yon, j’irai plus volontiers que vous n’irez vous-même ! Mais sachez tous, seigneurs, que si Lancelot et sa gent peuvent regagner leur pays, ils vous redouteront moins que vous ne croyez.

Mador de la Porte prit la parole.

— Si vous voulez commencer la guerre, sire, vous n’aurez pas à chercher Lancelot bien loin, car j’ai appris qu’il s’est retiré à la Joyeuse Garde. La reine s’y trouve avec lui. Mais le château est si fort et si bien garni qu’il ne craint nul siège.

— Par ma foi ! répondit le roi, vous avez raison de dire que le château est de grand orgueil, et je le connais bien. Mais, depuis que je porte couronne, jamais je n’ai entrepris une guerre sans en venir à bonne fin avec l’aide de Dieu et de mon lignage. Dans quinze jours je partirai donc de Camaaloth, et je veux que vous tous, qui êtes ici, me juriez sur les saints de m’aider selon votre pouvoir jusqu’à temps que notre honte soit vengée pour l’honneur du royaume.

Les reliques apportées, chacun fit serment, les pauvres comme les riches. Et le roi envoya