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LA MORT D’ARTUS

levant les yeux, il reconnut Guerrehès et Agravain qu’on apportait sur leurs écus :

— Hélas ! j’ai trop vécu, s’écria-t-il encore, puisqu’il me faut voir mes frères occis à si grand martyre !

Ce disant, il alla à eux et, en les embrassant, il pâma menu et souvent, tellement qu’enfin les barons eurent grand’peur de le voir expirer sous leurs yeux.

— Sire, dirent-ils au roi Artus, nous sommes d’avis qu’on l’emporte d’ici et qu’on le couche dans quelque chambre, loin de toutes gens, jusqu’à ce que ses frères soient enterrés, car il mourra de douleur sans faute, s’il demeure auprès d’eux.

Ainsi fut fait ; et, de toute la nuit, messire Gauvain ne sonna mot : à peine avait-il encore son haleine. Cependant, on faisait des cercueils et l’on préparait des tombes telles qu’il convient qu’en aient des fils de roi ; et au matin Agravain, Guerrehès et Gaheriet furent ensevelis à Saint-Étienne, qui était l’église maîtresse de Camaaloth.


XX


Après l’enterrement, le roi retourna au palais et s’assit dans la salle au milieu des barons. Tous les archevêques, les évêques et les hauts