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DEUIL DU ROI

et ils sont si forts et hardis que peut-être ne les pourrions-nous vaincre, peu nombreux comme nous voilà. Envoyez plutôt des messagers dans tous les ports du royaume de Logres, qui défendront aux mariniers de passer Lancelot outre la mer ; après quoi vous marcherez contre lui avec de grandes forces et vous pourrez vous venger.

Le roi approuva et fit partir les messagers, puis il se rendit au champ où s’était élevé le bûcher et faite la bataille.

Or, d’abord qu’il y entra, il aperçut son neveu Agravain qui gisait, le corps troué, et à cette vue il tomba de son cheval à terre, tout pâmé.

— Ha, beau neveu, s’écria-t-il quand il eut retrouvé son haleine, comme il vous haïssait celui qui de sa lance vous a ainsi féru !

Il commanda à ses gens d’emporter Agravain ; puis, tout pleurant, il se reprit à chercher les corps de ses amis charnels. Lorsqu’il découvrit celui de Guerrehès, il frappa ses paumes l’une contre l’autre, criant qu’il avait assez vécu puisqu’il voyait ainsi occis les meilleurs de son lignage. Il ôta au mort son heaume, et, après l’avoir longtemps regardé, il lui baisa les yeux et la bouche, qui était glacée. Et, comme il se relevait, il aperçut Gaheriet.

De ses neveux, c’était celui-là qu’il avait toujours le mieux aimé hormis monseigneur