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LE JUGEMENT DE LA REINE

dire ! Il demanda si Lancelot était captif ; mais on lui répondit qu’il avait quitté la ville.

— Beau sire, que comptez-vous faire ? lui demanda le roi Carados Biébras.

— Telle justice de la reine que les dames qui en entendront parler en soient amendées ! Et je vous commande, à vous premièrement parce que vous êtes roi, et aux autres barons qui sont céans, de par les serments que vous m’avez faits, de décider par droit jugement si elle n’a point mérité la mort.

— Sire, la coutume n’est pas de faire un jugement après l’heure de none, et surtout d’une si haute femme que madame la reine. Mais demain matin nous nous assemblerons.

Le soir, le roi ne but ni ne mangea, mais il ne voulut pas que sa femme fût amenée devant lui. Et à prime, lorsque ses barons furent réunis, il leur commanda à nouveau de juger la reine Guenièvre ; puis il se retira. Alors Agravain et Mordret contèrent les choses comme elles étaient arrivées, ajoutant qu’à leur avis la reine avait bien mérité la mort pour avoir commis une si grande félonie que de honnir son seigneur, qui tant était prud’homme, avec un chevalier. À quoi les autres, hormis messire Gauvain, s’accordèrent, mais à regret. Et dès qu’il connut le jugement de sa cour, le roi fit faire un grand bûcher dans la prairie de Camaaloth pour