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LES AMANTS SURPRIS

vèrent et, trouvant l’huis clos, ils tentèrent de le briser.

— Beau doux ami, s’écria la reine quand elle entendit le bruit qu’ils faisaient, nous sommes trahis ! Bientôt le roi saura tout. C’est Agravain et Mordret qui ont tout fait !

— Par Dieu, ils ont donc pourchassé leur mort ! Avez-vous céans quelque armure ?

— Nenni, beau doux ami ! Las ! notre malechance est si grande qu’il nous faudra mourir, moi et vous ! Et pourtant, si vous pouviez vous échapper, il n’est pas né, celui qui me ferait périr tant que vous seriez en vie ! Partez, si vous pouvez.

Alors Lancelot, qui s’était vêtu en grande hâte, prit son épée et vint crier à la porte.

— Mauvais couards, chevaliers faillis, je vais déclore l’huis : on verra qui osera passer le seuil !

Ce disant, il ouvre et attend, l’épée haute. Un chevalier du nom de Tanneguy entre hardiment ; mais, dans le même temps, il reçoit un coup qui lui fend le heaume et la tête comme une pomme, de sorte qu’il tombe mort dans la chambre. Voyant cela, ses compagnons reculent et dégagent le seuil ; et Lancelot, tirant vivement le corps à lui, referme la porte ; puis il revêt les armes de Tanneguy.

— Maintenant, dame, dit-il, je passerai s’il plaît à Dieu et si vous me donnez mon congé.