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LA MORT D’ARTUS

rehès, il devina d’abord, à la mine de son oncle que ses frères avaient parlé. Lancelot, Hector et Lionel arrivèrent à l’heure du souper : le roi leur tourna le dos. Les tables ôtées, il invita les chevaliers à se rendre avec lui à la chasse le lendemain ; mais, comme Lancelot lui proposait de l’accompagner, il lui dit qu’il se passerait bien de lui pour une fois. Et le soir, quand Lancelot fut rentré à son hôtel, il demanda à Lionel :

— Avez-vous vu quelle mauvaise chère le roi m’a faite ? Je ne sais de quoi il est ainsi courroucé contre moi.

— Sire, ne doutez pas qu’il n’ait appris quelque chose de vous et de la reine. Et mon cœur me dit qu’il adviendra grand mal de cela.

Or, le lendemain, sitôt que le roi fut parti pour la forêt, la reine envoya prévenir Lancelot qui se mit en devoir d’aller la trouver, non toutefois sans se munir de son épée. Et il eut soin de suivre un petit sentier couvert qui traversait le jardin ; mais Agravain et Mordret avaient placé des espions partout, de sorte qu’un garçon vint les avertir. Cependant, Lancelot entrait au palais secrètement et, passant de chambre en chambre, gagnait celle où la reine l’attendait. S’il eut l’idée d’en verrouiller la porte, c’est que Dieu ne voulait pas qu’il fût occis : en effet, à peine était-il couché avec sa dame, les gens d’Agravain et de Mordret arri-