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LA MORT D’ARTUS

— Par mon chef, je veux le savoir !

— Sire, ce n’est pas possible ; ce ne sont que fables et contes rapportés par Agravain. Je vous conseille comme à mon seigneur lige de laisser là ce propos.

— En nom Dieu, je vous requiers, de par la foi que vous m’avez jurée, de me dire pourquoi vous étiez ainsi en conseil tous les cinq !

— C’est merveille que de vous voir à ce point curieux de nouvelles ! Dussiez-vous me jeter hors du royaume, je ne vous dirais pas de quoi nous parlions. D’ailleurs, c’est le plus grand mensonge du monde.

Là-dessus, messire Gauvain quitta la chambre en compagnie de Gaheriet et de Guerrehès, et vainement le roi les rappela.

Quand il vit qu’ils ne revenaient point, il emmena Agravain et Mordret dans une chambre et les conjura de lui apprendre ce qu’il avait si grand désir de savoir. Et comme ils répondaient encore qu’ils ne le feraient point, il courut à une épée qui gisait là, sur un lit, la tira du fourreau et en menaça Agravain, criant qu’il le tuerait s’il ne parlait, tant qu’enfin, le voyant échauffé à ce point, l’autre se décida :

— Sire, je disais à mes frères que c’est déloyal à nous, de souffrir si longuement la honte et le déshonneur que Lancelot vous fait : car il connaît charnellement votre femme, nous en sommes certains et assurés.