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LE CHAMPION INCONNU

quand le monde entier la connaît pour la plus vaillante dame qui ait jamais existé ! Je viens pour la défendre s’il en est besoin.

— Sire chevalier, dit Mador, je suis prêt à montrer qu’elle a déloyalement et traîtreusement occis mon frère Gaheris.

— Et moi, je suis prêt à soutenir que jamais la reine n’a vu là déloyauté, ni trahison.

Mador, qui ne prit pas garde à cette parole, tendit son gage et le chevalier aux blanches armes pareillement. Et quand le roi les eut pris, messire Gauvain lui dit tout bas :

— Sire, je crois bien qu’à cette heure Mador a mauvaise querelle, car, pour ma part, quelle qu’ait été la mort de Gaheris, je jurerais volontiers sur les reliques que la reine n’y a point vu de trahison ni de déloyauté !

Là-dessus, le palais se vida et tous, grands et petits, s’en furent dans la plaine, hors de la ville, où se faisaient ordinairement les combats de justice. Messire Gauvain voulut porter la lance du blanc chevalier et Hector son écu. Et quand les deux champions eurent prêté serment sur les saints, le roi fit approcher la reine et lui dit :

— Dame, voici un chevalier qui pour vous se met en aventure de mort.

— Sire, répliqua-t-elle, Dieu protégera le droit, car il est vrai que je n’ai vu déloyauté ni trahison.