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LA REINE SANS CHAMPION

de lui avoir un champion ; mais chacun lui répondait qu’elle avait tort et Mador droit.

— Sire, lui dit messire Gauvain lui-même, vous savez bien que madame a occis Gaheris et que Gaheris a été tué par trahison : je l’ai vu, ainsi que beaucoup d’autres. Puis-je soutenir sa cause loyalement ? Si vous me jurez, comme roi, que je le puis, je suis prêt à faire la bataille. Sinon, fût-elle ma mère, je ne commettrais pas une déloyauté pour elle.

Le roi ne put rien tirer de plus de son neveu ni des autres prud’hommes. Tout dolent et angoissé, il vint dire à la reine :

— Dame, je ne sais que penser de vous, car tous les chevaliers de ma cour vous abandonnent. Ha, j’aimerais mieux d’avoir perdu mon royaume que de voir de telles choses arriver de mon vivant ! Car je n’ai rien aimé en ce monde comme vous, et je veux que vous sachiez que je vous aime encore. À ces mots la reine se mit à pleurer et lamenter plus fort qu’auparavant.


XV


Le lendemain, dès l’aube, le palais s’emplit de barons et de seigneurs qui attendaient l’arrivée du chevalier appelant ; et beaucoup