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LA MORT D’ARTUS

Lionel fit tant d’armes qu’il remporta le prix, et le roi Artus, qui l’avait bien reconnu, s’avança à sa rencontre et lui demanda de rester à la cour.

— Sire, répondit Lionel, je n’y demeurerai en aucune manière tant que messire Lancelot, mon cousin, n’y sera point. Sachez que je ne serais pas venu à ce tournoi, si je n’eusse espéré de l’y trouver. Ha, je crains fort que vous ne le voyiez de longtemps !

— Pourquoi ? Est-il donc courroucé contre nous ?

— Sire, si vous voulez en savoir davantage, interrogez quelque autre.

Là-dessus, il s’en fut trouver la reine qui l’avait mandé ; et jamais, certes, elle ne fit plus joyeux accueil à personne ! Elle lui conta qu’elle ne trouvait nul prud’homme pour défendre son droit ; mais il lui répondit rudement que ce n’était pas merveille si les chevaliers lui manquaient, quand elle avait elle-même failli sans raison au meilleur du monde.

— Lionel, quoi que j’aie fait, vous me protégerez, vous, je le sais bien !

— Dame, vous m’avez fait perdre celui que j’aimais plus que tous, mon seigneur et mon cousin ; je ne sais ce qu’il est devenu. Non, je ne vous aiderai point !

À ces mots, la reine se prit à pleurer. Mais Lionel sortit sans plus l’écouter.

Le roi, de son côté, s’était fort mis en peine