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LA NACELLE

— Sire, dit Mador, est-ce me faire droit que d’octroyer un si long répit ?

— En vérité, oui, sachez-le.

— Je me présenterai donc au jour dit, à moins que la mort ne me détienne.

Là-dessus, il quitta la salle, menant si grand deuil du trépas de son frère, qu’il n’était personne qui le vit sans en avoir pitié. Et la reine demeura toute dolente et angoissée, car elle craignait de ne trouver aucun chevalier pour faire sa bataille en dehors des parents du roi Ban. Ceux-là, sans doute, ne lui eussent pas manqué s’ils eussent été à la cour ; mais elle les avait éloignés en chassant Lancelot et ils avaient disparu sans laisser ni voie ni vent, aussi parfaitement que s’ils se fussent jetés en quelque abîme. Ah ! sachez qu’elle se repentait durement !


XII


Le lendemain, dit le conte, quand le roi eut fini de manger avec ses chevaliers, il se mit à l’une des fenêtres du palais, qui donnait sur la rivière, et demeura là longtemps, la tête basse, à songer que la reine n’aurait point de champion, puisque tous l’avaient bien vue donner du fruit à Gaheris. Soudain il aperçut une nacelle qui