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LA MORT D’ARTUS

lement, en trahison, et s’il y a ici un chevalier qui vous en ose défendre, je suis prêt à le rendre mort ou recréant ce soir même, ou demain, ou tel jour que la cour désignera.

La reine regarda tout autour d’elle, cherchant quelqu’un qui s’offrît à la soutenir ; mais elle ne vit que des yeux baissés et des chefs inclinés, car tous savaient bien qu’elle avait tort et Mador droit, et que, si même ils vainquaient, on dirait que c’était contre justice et loyauté. Elle en fut tout éperdue ; pourtant elle répondit au roi malgré son angoisse :

— Sire, je vous prie en nom Dieu de me faire connaître la décision de votre cour.

— Dame, ma cour dit que, si vous niez le méfait dont on vous accuse, vous avez quarante jours de répit pour prendre conseil et chercher quelque prud’homme qui soutienne votre cause par ses armes et son corps.

— Sire, ne trouverai-je en vous quelque autre conseil ?

— Nenni, car ni pour vous ni pour autrui je ne sortirai du droit et du jugement des prud’hommes qui sont céans.

— Sire, je vous demande donc le répit de quarante jours. D’ici là, s’il plaît à Dieu, je trouverai un chevalier pour me défendre ; sinon, vous pourrez faire de moi ce que la cour décidera.

Le roi accorda le délai, qui devait expirer le lendemain du tournoi de Camaaloth.