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DÉPART DE LANCELOT

sachant son courroux et sa haine, hélas, je ne pourrai longtemps durer ! Beau cousin, conseillez-moi, car je ne sais que faire de moi !

— Sire, si vous pouviez vous tenir loin d’elle, un mois ne serait point passé qu’elle vous ferait quérir. Promenez-vous par ce pays, suivez les tournois, ébattez-vous du mieux possible. Vous avez autour de vous une grande partie de votre parenté, qui vous fera belle et noble compagnie où que vous alliez.

— Ha, je n’ai cure de compagnie ! J’emmènerai un seul écuyer.

— Mais, s’il vous arrivait malheur, comment le saurions-nous ?

— Celui qui m’a protégé jusqu’ici ne souffrirait pas que vous l’ignorassiez.

Et sans plus de paroles, Lancelot fut dire à ses gens qu’il lui fallait partir pour aller à une affaire et qu’il ne voulait emmener qu’un seul valet appelé Anguys.

— Sire, lui dirent-ils, ne manquez pas de vous trouver la semaine prochaine au tournoi de Camaaloth.

Toutefois il ne voulut pas le leur promettre et, après les avoir recommandés à Dieu, il se sépara de ses amis charnels. Et eux-mêmes ils quittèrent la cour dès le lendemain. Mais le conte parle à présent du roi Artus.