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LE CHÀTEAU DE MORGANE

des instruments se firent entendre dans une chambre voisine, sonnant tous ensemble et avec tant de douceur qu’il n’avait jamais ouï une mélodie plaisante à ce point. Enfin deux belles demoiselles entrèrent, qui portaient dans des chandeliers d’or des cierges allumés ; et elles vinrent s’agenouiller devant le roi et dirent :

— Sire, si tel était votre plaisir, il serait grand temps de vous reposer, car il est déjà tard dans la nuit et vous avez tellement chevauché aujourd’hui que vous êtes bien fatigué, à ce que nous croyons.

Il se leva et elles le conduisirent dans la chambre même où Lancelot avait été emprisonné longuement et où il avait peint pour se distraire toutes ses chevaleries et ses amours avec la reine Guenièvre. Et, après qu’elles l’eurent dévêtu, il se coucha et s’endormit.

Le matin, à la pointe de l’aube, Morgane entra et ouvrit la fenestrelle. Il sauta de son lit et courut l’accoler en braies et en chemise. Alors elle lui demanda en don de rester plusieurs jours chez elle, où elle veillerait qu’il fut aussi aise que dans la meilleure cité de son royaume. Ce qu’il lui accorda.

— Douce sœur, puisqu’il plaît à Dieu que je vous aie retrouvée, ajouta-t-il, je vous emmènerai avec moi. Vous ferez compagnie à la reine Guenièvre, ma femme, et elle en sera joyeuse.