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LA MORT D’ARTUS

puisqu’il est où je veux qu’il soit. Et en nul lieu il ne pourrait être mieux placé qu’en celui où je l’ai mis. À Dieu ne plaise qu’il s’en échappe : je ne saurais plus vivre un seul jour !

— Las, sire, c’est assez ! Que ne m’avez-vous parlé moins ouvertement ! Vous m’eussiez mise en une langueur douce encore, et l’espérance m’eût laissé quelque joie. Sachez que, du jour que je vous vis, je vous aimai plus que femme ne fit jamais. Je ne puis plus boire, ni manger, ni dormir, ni reposer ; je ne sais plus que souffrir nuit et jour. C’est par la mort seulement que mon cœur s’arrachera de vous !

Là-dessus, elle fut trouver son frère et lui confia qu’elle aimait le blessé à en trépasser.

— Sœur, lui dit-il tout dolent, encore que vous soyez une des pucelles les plus belles du monde, il faut que vous mettiez votre cœur plus bas, car vous ne pourriez cueillir le fruit d’un si haut arbre.

Mais elle fut se coucher dans son lit, dont elle ne sortit que morte, comme le conte en devisera plus loin.


VIII


Or, il est dit en cette partie qu’en quittant Camaaloth, Hector et Lionel allèrent droit à Escalot où ils pensaient avoir des nouvelles de