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LA MORT D’ARTUS

Sachez que jamais, tant que je vivrai, je ne laisserai Lancelot du Lac en paix !

— Dame, puis donc que vous vous êtes si fort éprise de haine et de félonie envers notre seigneur et cousin, nous, les siens, nous n’avons plus rien à faire ici. Et c’est pourquoi je prends congé de vous. Demain matin, nous partirons en quête de monseigneur Lancelot, et, quand nous l’aurons trouvé, nous nous en irons avec lui dans la Petite Bretagne, notre pays, auprès de nos hommes que nous n’avons pas vus depuis longtemps. Là, s’il plaît à Dieu, nous nous tiendrons en joie, car sachez-le, dame : nous n’eussions pas demeuré ici comme nous avons fait, si ce n’eût été pour l’amour de notre seigneur ; et lui-même, depuis la quête du Saint Graal, n’y est resté que pour vous, qu’il a plus loyalement aimée que jamais chevalier n’aima son amie.

À ces mots, les larmes montèrent aux yeux de la reine. Mais Lionel était déjà sorti. Il alla conter à Hector des Mares ce qu’elle lui avait dit, et tous deux maudirent l’heure où Lancelot avait connu la reine Guenièvre. Puis ils furent prendre congé du roi, qui le leur donna à regret, et dès le lendemain tout le lignage du roi Ban de Benoïc et du roi Bohor de Gannes quitta la cour. Mais le conte laisse à cet endroit de parler d’eux et retourne à Lancelot qui gisait, blessé, chez la tante du chevalier d’Escalot.