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LIONEL ET LA REINE

— Nenni, car il n’y est pas venu. Il nous aurait parlé !

— Sachez pourtant qu’il y est allé. C’est lui qui a vaincu : il avait des armes rouges et sur son heaume une manche de dame ou de demoiselle.

— Sauve votre grâce, je ne le voudrais pour rien au monde, car celui que vous dites quitta le tournoi navré d’une blessure que je lui fis au côté.

— Maudite soit l’heure où vous avez failli à l’occire ! Ha, jamais je n’aurais pensé qu’il fît ce qu’il a fait ! À cette heure, il est à Escalot auprès d’une demoiselle qu’il aime d’amour et qui sans doute l’aura surpris par quelque philtre ou charme. Nous pouvons bien dire que nous l’avons perdu, moi et vous, car elle l’a si bien arrangé qu’il ne pourrait s’éloigner d’elle si même il le voulait !

Et elle lui dit ce qu’elle savait.

— Dame, fit Lionel, ne croyez pas tout cela. Dieu m’aide ! je ne puis penser que Lancelot ait ainsi faussé envers vous !

— Celui qui m’a conté ces choses est le chevalier du monde le plus vrai. Et si Lancelot venait demain à la cour, je lui défendrais de mettre le pied chez moi.

— Je vous dis, dame, que jamais messire ne fit ce dont vous l’accusez.

— Ha, la preuve de son méfait est trop sûre !