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LA MORT D’ARTUS

naître aux merveilles d’armes qu’il fit, car nul, hors lui, n’aurait pu tant faire. Nommez-le : je verrai si vous dites vrai.

— C’est Lancelot du Lac.

— Oui, et sachez qu’il est venu secrètement parce qu’il ne voulait pas que personne refusât de jouter avec lui, le connaissant. Et si j’en eusse cru Agravain, je l’aurais fait tuer. Votre frère vint me demander, l’autre jour, comment j’avais le cœur de tenir Lancelot auprès de moi, qui aimait ma femme de fol amour et l’avait connue charnellement. Il voulait me faire accroire que Lancelot refusait d’aller au tournoi afin de voir la reine seul à seule tandis que je serais à Winchester. Et en effet, si Lancelot aimait la reine, il n’aurait pas quitté Camaaloth ! D’ailleurs, fût-il épris d’elle, je ne puis croire qu’il me ferait une si grande déloyauté que de me honnir : dans un cœur où gît tant de prouesse la trahison ne peut entrer, ou bien c’est la plus grande diablerie du monde !

— Certes, sire, jamais Lancelot n’aima la reine de fol amour ! Personne n’ignore qu’il a eu pour amie la fille du roi Pellès, dont est né Galaad, le bon chevalier qui a mis fin aux aventures du Saint Graal. Et je sais qu’à cette heure il est épris de l’une des plus belles demoiselles du royaume de Logres, et elle de lui.

À ces mots le roi Artus se mit à rire et il requit plusieurs fois son neveu de lui apprendre