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LE SAINT GRAAL

alla comme il était venu, on n’aurait su dire comment ; alors tous, grands et petits, retrouvèrent la parole et rendirent grâces à Dieu qui avait permis qu’ils eussent la visite du Saint Graal.

— Seigneurs, dit le roi, Notre Sire nous donne certes une haute marque d’amour en venant nous rassasier de Sa grâce en un si haut jour que celui de la Pentecôte !

— Encore y a-t-il autre chose que vous ne savez point, lui répondit messire Gauvain : c’est que chacun a été servi des viandes qu’il souhaitait et désirait ; et cela n’était jamais advenu ailleurs qu’à la cour du roi Pellès, au Château aventureux. Néanmoins il n’a été permis à aucun de nous d’apercevoir le Saint Graal sous l’étoffe qui le cachait. C’est pourquoi je fais vœu d’entrer en quête demain matin et d’y rester un an et un jour, ou davantage s’il le faut ; et, quoi qu’il m’arrive, je ne reviendrai qu’après avoir découvert la vérité du vase très précieux, à moins qu’il ne puisse ou qu’il ne doive pas m’être donné de la connaître : auquel cas je m’en retournerai.

Tous les compagnons de la Table ronde se levèrent et firent le même vœu que messire Gauvain, jurant qu’ils ne cesseraient jamais d’errer avant de s’être assis à la haute table où la douce nourriture était tous les jours servie, si toutefois cela pouvait leur être permis. Mais,