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TOURNOI DE WINCHESTER

chevaliers des deux parts, dit le valet. Mais ceux de la Table ronde se sont rangés du côté des défenseurs de la ville. En face, il y a les rois d’Écosse, de Cornouailles et de Norgalles et beaucoup de hauts hommes ; mais ils ne semblent pas aussi preux que ceux de l’autre part.

— Nous combattrons donc pour les gens du dehors, dit Lancelot au chevalier d’Escalot, car il ne serait pas à notre honneur de nous ranger parmi les plus forts.

Il vêtit ses armes et attacha la manche de Passerose à son heaume ; mais, craignant que son écuyer ne le fit reconnaître, il lui défendit de le suivre (dont le valet eut grand deuil), et il partit en compagnie du fils du vavasseur.

Lorsqu’ils arrivèrent, la prairie de Winchester était déjà toute couverte de fer-vêtus qui joutaient : Lancelot s’affermit sur ses étriers, se couvrit de son écu vermeil, baissa sa lance peinte et laissa courre son destrier pie. Le premier qu’il heurta, il le porta à terre ; puis, poussant sa pointe, car sa lance n’était point brisée, il en culbuta un second, homme et cheval à la fois, et, à voir cela, beaucoup de barons arrêtèrent de combattre pour demander quel était cet étranger portant une manche de dame à son heaume, qui venait de faire le plus beau coup de la journée. Cependant le fils du vavasseur, de son côté, s’adressait à Hector des Mares dont il fendit l’écu ; mais Hector le